jeudi, juillet 01, 2010

Pékin fait son nid en Grèce

Pékin fait son nid en Grèce
http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2010/06/p%C3%A9kin-fait-son-nid-en-gr%C3%A8ce.html
La Chine, au secours de la Grèce ? En quelques mois, Pékin est devenu le troisième partenaire commercial de la Grèce, devant la France et derrière l’Allemagne et l’Italie, alors qu’en 2006, elle n’occupait que la huitième place. Surtout, elle y multiplie les investissements stratégique, manifestement attirée par un pays que les marchés financiers ont mis à genoux. La Grèce est désormais prête à vendre ses bijoux de famille au plus offrant, comme en témoigne le gigantesque programme de privatisation annoncé le 2 juin, et elle sait que l’investissement étranger est le seul moyen de sortir rapidement de la récession.
La principale cible de la Chine? Les ports grecs. En novembre 2008, Cosco Pacific, la filiale de gestion portuaire du groupe chinois, a décroché la concession pour 35 ans de deux terminaux de conteneurs du port d’Athènes, Le Pirée, et l’autorisation d’en construire un troisième, pour un investissement total de 4,35 milliards d’euros. Il ne s’agit que d’un premier pas : « les Chinois cherchent une porte d’entrée en Europe du Sud-est », explique un diplomate européen. « Leurs bateaux sont énormes et ne peuvent pas entrer dans la plupart des ports européens. Ils veulent donc créer un “hub” au Pirée afin de redistribuer leurs marchandises en Europe. Cela va aussi développer l’activité de location de bateaux en Grèce ». Il ne s’agit là que d’une simple mise en bouche. Tous les ports grecs suscitent l’appétit chinois que ce soit le port de Thessalonique, qui assure plus de la moitié des exportations du pays, mais aussi celui de Volos (Pélion) et d’Alexandropouli, terminus de l’oléoduc en projet qui arrivera de Bulgarie… Pékin veut aussi faire main basse sur une partie de la chaine de transport, chemins de fer (OSE), dont la privatisation à hauteur de 49 % est en cours, et transport routier, dont la libéralisation est annoncée, afin d’assurer la circulation de leurs marchandises. La Chine a aussi mis un pied dans la téléphonie grecque, la télévision, la construction (avec un projet d’un complexe hôtelier au Pirée qui en est dramatiquement dépourvu) et même… l’exportation d’huile d’olive.
Les Grecs sont évidemment ravis de cet intérêt et ils souhaitent que la Chine s’engage davantage. Louka Katselli, la ministre de l’Économie, s’est ainsi rendue à Shanghai la semaine dernière pour inaugurer le pavillon grec de l’exposition universelle et proposer d’organiser un salon avec les régions chinoises. Les Grecs espèrent attirer les touristes chinois, le secteur du tourisme enregistrant cette année une chute de fréquentation de 15 à 20 % : « imaginez qu’ils nous envoient deux millions de touristes », se prend à rêver un investisseur grec…Les Grecs ne sont pas particulièrement préoccupés par cette déferlante. « Ils n’ont pas peur de la Chine. Ce sont deux vieilles civilisations qui se renvoient une image positive de leur histoire, bien éloignée de celle que les médias occidentaux donnent actuellement du pays », analyse un diplomate européen. « Ils sont très ouverts à l’international, ils n’ont pas le même rapport au territoire qu’en France ». On imagine, effectivement, les réactions françaises à la déclaration du PDG de Cosco, Wei Jiafu, lors de son séjour à Athènes, en mai dernier : « En Chine, on a un proverbe qui dit : “construisez le nid de l’aigle et l’aigle viendra”. Nous allons construire un nid dans votre pays pour attirer des aigles chinois

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